Pourquoi le dialogue ?
David Bohm, brillant physicien quantique, a participé grandement à faire avancer les connaissances scientifiques. Il a mis en exergue, en s’appuyant entre autre sur le principe quantique de non localité au travers de ses travaux sur le plasma, le fait que dans l’infiniment petit tout est relié, connecté, interdépendant. De là, il a amené une nouvelle manière de penser l’univers comme un « tout unifié» au travers du concept de « Wholeness » (où chaque partie contient et est constitutive du tout), dans un processus en constante interaction dans l’ordre implicite (invisible) qui se révèle dans l’ordre explicite (ce que l’on peut observer). C’est la théorie de l’ordre implicite qu’il a fait connaître à un large public au travers de son livre « Wholeness and the Implicate Order »
Ses travaux l’ont très vite conduit à s’ouvrir à la philosophie, à la psychologie, à la neuro-psychologie et à la spiritualité (dialogues avec le Dalaî-Lama, Krishnarmuti, des représentants des peuples amérindiens) pour mieux saisir les interférences avec les mécanismes de la pensée et de la conscience, dans une recherche constante d’unité et de cohérence d’ensemble qui l’habitait. Pour David Bohm, la connexion au tout est ce qui constitue fondamentalement à la fois notre être au monde et notre univers.
En quête d’un monde socialement et économiquement plus juste, plus pacifié, et très concerné par ce qu’il percevait déjà comme les dérives potentielles de la technologie et des impacts écologiques de notre modèle de société occidentale, il s’est posé la question : pourquoi la division règne entre les êtres humains alors que tout est relié dans le champ quantique et le champ cosmique ?
Il est frappé par le fait que « dès que l’on parle de sujets qui nous touchent profondément, il en résulte de la dispute, de la division, et souvent de la violence »…. « Une des raisons est que les personnes ne s’écoutent pas mutuellement. Elles restent enfermées dans leur pensée, en s’accrochant à leurs idées, à leur modèle du monde ». Son hypothèse est que « l’incohérence du fonctionnement de notre pensée et la méconnaissance de son fonctionnement sont les causes essentielles des crises incessantes » qui affectent notre humanité.
Il est convaincu que notre manière de penser, nos perceptions et attitudes qui en découlent, ont une influence sur le monde. Cela devrait générer en nous un sentiment de « co-responsabilité, si tant est qu’on veuille bien entrer dans une certaine forme de dialogue, » participant très directement à nous unifier et à nous ré-aligner en conscience sur le sens profond, au-delà des fragmentations et clivages.
De là, il conçoit un processus de dialogue, que l’on appelle le dialogue bohmien. Il commence à le conceptualiser, l’expérimenter et le promulguer au travers de séminaires, à partir des années 1970.
Le « dialogue bohmien »
Bohm définit le dialogue d’une manière différente de l’usage courant du mot. Il a un autre sens, plus profond. « Le dialogue vient du mot grec « dialogos », logos : mot, dia : à travers. L’image que cette dérivation suggère est celle d’un flux de sens circulant parmi et à travers nous et entre nous. Cela rendra possible une circulation de sens dans l’ensemble du groupe, d’où peut émerger une nouvelle compréhension. C’est quelque chose de nouveau, qui n’était peut-être pas du tout présent au départ. C’est quelque chose de créatif ».
C’est un dialogue exploratoire où les participants au groupe de dialogue sont invités individuellement et collectivement à porter attention non seulement au contenu mais aussi aux fondements sur lesquels reposent les pensées (présuppositions, hypothèses, opinions, croyances, sentiments, émotions), où chacun doit d’abord prêter attention à sa qualité d’écoute sans influencer l’autre, en étant ouvert à quelque chose de différent, en suspendant son jugement, en étant attentif à ses propres blocages qui peut l’amener à défendre ses opinions.
C’est un processus qui s’organise en format cercle. Il est à l’origine de la méthode du cercle de dialogue génératif, une méthode pivot dans l’art de la facilitation en intelligence collective.
C’est créer un espace temps, sans attente de résultat, pour aborder des questions essentielles où une « forme d’intelligence réflexive » se met en œuvre qui permet de dépasser les représentations et les idées pré-concues et faire émerger du neuf.
« En créant un champ plus large de significations partagées et cohérentes, des compréhensions vraiment nouvelles et pénétrantes peuvent émerger, souvent de manière inattendue »
L’influence de David Bohm aujourd’hui
David Bohm continue à intéresser et à réunir autour de son œuvre un grand nombre de personnes dans différents champs pour, à la fois poursuivre ses recherches scientifiques, et faire connaître ses travaux et ses apports conceptuels auprès d’un large public. Il est considéré comme un pionnier dans l’interconnexion de la pensée et de la matière.
Voir le documentaire sur sa vie et son œuvre en juin 2020 « Infinite Potential, the life and ideas of David Bohm », réalisé par Paul Howard.
https://www.infinitepotential.com/
Un documentaire sur le dialogue est en cours de réalisation.
A l’occasion de la parution du livre en français de David Bohm « Le Dialogue, cheminer vers l’intelligence collective, co-traduit par Elisabeth Martini, co-fondatrice de Dialogue en Intelligence Collective, une série d’évènements sera proposée à partir du 5 octobre 2021 par l’équipe Dialogue en Intelligence Collective.
Pour être informé.e, nous écrire : https://dialogue-ic.com/contact/
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